Piermatteo Kiuby Bernardi
©Delcourt édition 2012
Saria T2
La Porte de l'ange
Dans une Venise technoïde et décharnée, la belle Saria protège ses trois clés de son oncle le Doge et du démon Galadriel. Une fresque horrifique sublime, magnifiée par Federici qui reprend magistralement la suite de Serpieri.
L'histoire : En cette ère post-apocalyptique et techno-organique, la ville de Venise est rongée par l’obscurantisme. A la mort de son père, Saria Asanti hérite de trois clés mystiques, donnant chacune sur la porte des enfers, la porte de l’ange ou la porte du néant. Charge à elle de les préserver de deux entités néfastes. D’une part, le démon Galadriel dispose d’une puissance occulte… mais il ignore que Saria a les clés. D’autre part, le doge qui dirige la ville, est à la fois oncle de Saria et humanoïde. Les milices fascistes de ce dernier ont capturé Orlando, le fidèle protecteur de Saria, et ils le soumettent à la question (torture) pour le faire parler. Mais alors qu’Orlando est entravé, un mal étrange s’empare de ses entrailles et le métamorphose en monstre chtonien. Orlando brise ses chaines et s’évade, dans un déluge de feu… puis disparait dans les eaux noires de Venise. Il est recueilli amoindri sous son apparence humaine, puis soigné, par la Dyle des forçats. Cette délégation orientale est venue, comme une fois tous les 12 ans, pour disputer la légitimité du Doge, en s’appuyant sur les pouvoir de leur martyr, Ali Muslim Orfa. Saria, quant à elle, demande la protection d’un robuste banni écorché…
Ce qu'on en pense sur la planète BD : Paolo Serpieri avait débuté sur le dessin de cette série initialement baptisée Les enfers, créant ainsi un petit évènement. C’était en effet la première fois que l’artiste italien, réputé pour sa science-fiction érotique de haut-vol (Druuna !), acceptait d’être scénarisé par un tiers. Quelques soucis de santé l’ont visiblement empêché de poursuivre le tome 2… et un changement d’éditeur (de Robert Laffont à Delcourt) est encore venu brouiller les cartes. De stupéfiante manière, la série renait aujourd’hui sous un autre nom, Saria, et sous les pinceaux sublimes de Riccardo Federici. De fait, le tome 1 est réédité de conserve sous ce nouveau titre, avec une nouvelle couverture signée Federici. Il paraissait improbable d’arriver au niveau de Serpieri… Et pourtant, il suffit de feuilleter l’ouvrage, qu’on aime ou pas le registre, pour constater l’immense talent de son compatriote italien. Chaque case est un tableau de maître, susceptible d’accorder les amateurs de peintures classiques et les « gothiques », pour résumer sommairement les fans des mondes chtoniens les plus horrifiques. Visages, costumes, décors, créatures, bâtiments, prises d’angles, mouvements : rien n’est négligé, tout est remarquable. Voilà sans doute le dessin de BD le plus fignolé de l’année. Et pourtant, le scénario de Jean Dufaux est ambitieux et exigeant. Il prend pour contexte un monde décalé post-apocalyptique, mi futuriste mi historique, où les fastes de l’architecture vénitienne sont gangrénées par des réseaux technoïdes et organiques. En cette ère cauchemardesque, des religieux obscurantistes, des écorchés et des humanoïdes côtoient des créatures infernales, sous le regard malveillant de chemises noires mussoliniennes. Et les choses avancent plutôt pas mal dans ce tome 2 : les positions se crispent, l’élection attendue a lieu et Saria ouvre enfin une des trois portes… laquelle ? Bref, la trame, les personnages et leurs enjeux acquièrent pleinement leur cohérence, même si la finalité de cette fresque mystique demeure encore floue…http://www.planetebd.com/bd/delcourt/saria/la-porte-de-l-ange/16914.html#image
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